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ABADLA  LE GRAND GUIR
26 mars 2013

les energies renouvables en algerie

Faut-il choisir entre la peste fossile et le choléra nucléaire ?

Mardi 19 mars 2013

Le sol tremblait fort au large du Japon ce 11 mars 2011. Le séisme, de magnitude 9 sur l’échelle de Richter, a entraîné un violent tsunami entraînant la mort de 15.000 personnes au pays du Soleil-Levant, ainsi que la destruction de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi. Des émanations radioactives ont été libérées dans l’atmosphère et pourraient causer de nouvelles victimes à l’avenir, du fait de l’augmentation des risques de cancer dans la région. Le puissant séisme de Tohoku, celui qui donna naissance au tsunami de 2011 au large du Japon, a été détecté par le satellite Goce à 260 km d’altitude grâce aux infrasons. Deux ans après, des milliers de manifestants ont défilé dimanche 10 dans les rues de Tokyo en demandant au gouvernement nippon de renoncer à l’énergie nucléaire, à la veille du deuxième anniversaire du tsunami qui avait provoqué une catastrophe à la centrale atomique de Fukushima. Selon un sondage récent, 70% des Japonais sont partisans d’un abandon du nucléaire à terme. Une proportion équivalente soutient Shinzo Abe, alors même que celui-ci milite pour une relance des réacteurs à l’arrêt...

Les conséquences de l’apocalypse de Fukushima

Fukushima est devenue une ville morte et sur 20 km, il n’y a pas âme qui vive. Tout a été figé. Il y a eu "arrêt sur image". Les habitants ont tout abandonné dans une panique indescriptible. Le courant n’ayant pas été coupé, les hauts parleurs diffusent encore comme si de rien n’était de la musique douce qui accompagnait le quotidien des habitants de cette petite ville qui avait le malheur de sa proximité avec la centrale.

Deux ans après Fukushima, écrit David Naulin, du site "cdurable", on n’entend plus beaucoup parler de la vie au quotidien de tous ceux qui ont dû quitter pour toujours leurs maisons, de ceux qui ont choisi d’y rester en tentant désespérément de nettoyer tous les jours une contamination qui revient régulièrement car les forêts toutes proches sont contaminées. (...) Les trois réacteurs accidentés ainsi que les explosions d’hydrogène dans les bâtiments de la centrale dans les jours qui ont suivi le 11 mars 2011 ont ainsi libéré de grandes quantités de césium radioactif. Ce césium a une durée de vie longue. Il est considéré qu’il ne sera "inoffensif" qu’au bout de 300 ans. Il reste aujourd’hui 98% de sa radioactivité initiale dans l’environnement, un taux qui sera encore de 81% en 2020. (1)

Le 28 février dernier, l’OMS sortait un rapport préliminaire établissant les risques de développer certains cancers pour les personnes exposées à la radioactivité qui s’est échappée de la centrale nucléaire de Fukushima depuis le 11 mars 2011. Bien qu’il soit trop tôt pour faire un bilan complet, ce texte estime qu’une sous-partie de la population, la plus exposée, risque de développer certaines tumeurs particulières. Chez les enfants, la thyroïde est susceptible d’être frappée. Ainsi, cet organe est sensible à la radioactivité, ce qui n’est pas le cas de toutes les parties du corps. D’après les prévisions de l’OMS, les jeunes filles vivant à proximité de la centrale nippone ont environ 70% de risque en plus de déclarer la maladie. Un nombre impressionnant, mais qui, concrètement, signifie qu’une femme a désormais 1,25% (au lieu de 0,75%) de probabilité de contracter un tel cancer tout au long de sa vie. Les enfants de Fukushima ont été invités à passer des échographies de la thyroïde pour diagnostiquer les anomalies susceptibles d’être des tumeurs. (2)

Au-delà des pertes humaines, et selon un rapport de l’ Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire Irsn, dévoilé par Le Journal du dimanche, les répercussions d’un incident nucléaire majeur pourraient atteindre trois fois le PIB. La catastrophe de Fukushima ? Environ 430 milliards d’euros à régler pour les citoyens japonais.L’Irsn a indiqué qu’un rapport confidentiel de 2007, cité par Le Journal du dimanche et faisant état d’un coût maximum de 5800 milliards d’euros pour une catastrophe nucléaire en France, n’était plus d’actualité. (3)

L’autre utilisation dissuasive du nucléaire : le canular du TNP

Nous savons que le nucléaire a deux usages ; l’un à finalité "pacifique" comme celui que nous venons de décrire du fait de la folie des hommes voulant arracher le feu prométhéen, l’autre est à usage militaire, c’est-à-dire que les conséquences sont plus directes, plus immédiates, la quantité d’énergie qu’un réacteur nucléaire délivre d’une faon maitrisée sur un temps long est libérée d’un coup. Ceux qui ont cette maitrise- les membres du Conseil de sécurité des Nations-unies- ne veulent pas que les autres accèdent à la maitrise de ce feu, en clair, de la bombe atomique. Ils inventent un traité d’exclusion. Le principe de base du TNP repose sur la discrimination opérée entre les États dotés de l’arme nucléaire ayant fait exploser un engin nucléaire avant le 1er janvier 1967 (Edan), et les autres États, non dotés de l’arme nucléaire (Endan) : les premiers (États-Unis, Urss, Royaume-Uni, France, Chine), également membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, s’engagent en signant le traité à ne pas aider un autre pays à acquérir des armes nucléaires ; les seconds s’engagent à ne pas fabriquer d’armes nucléaires et à ne pas essayer de s’en procurer. (..) Le TNP crée intrinsèquement une discrimination entre les Edan et les Endan (...) Une deuxième catégorie de pays ayant des armes atomiques, dont certains comme Israël, n’ont pas signé le TNP et détiennent des centaines de bombes. C’est le cas aussi de l’Inde et du Pakistan qui développent sans problème, à la fois le nucléaire civil mais aussi le nucléaire militaire. Nous avons enfin deux pays pestiférés, d’abord la Corée du Nord qui disposerait de la bombe atomique, de réacteurs nucléaires. Ensuite, l’Iran qui, péniblement, a pu mettre en marche, en dépit de tous les empêchements, la centrale de Bouschheer. Obama annonce le 14 mars à un journal israélien que l’Iran est à un peu plus d’un an de la bombe et que toutes les options sont sur la table si la diplomatie échoue. Il ne permettrait pas qu’Israël soit menacé."(4)

Le rapport de Greenpeace sur Fukushima

Ce rapport tire deux conclusions principales : la catastrophe de Fukushima remet en question la crédibilité de l’industrie nucléaire. L’industrie soutient que le risque d’accident nucléaire se limite à 1 fois pour 1 million (ou moins) d’années d’opérations d’un réacteur. (...)L’influence politique exercée par l’industrie nucléaire sur les autorités japonaises de réglementation de la sûreté nucléaire est l’une des causes principales de l’accident à Fukushima. "Plus de 400 réacteurs sont en activité dans le monde aujourd’hui. Vous, votre famille, vos amis, habitent probablement à proximité de l’un d’eux. Que ferions-nous face à un accident nucléaire comme Fukushima ? Qui appellerions-nous ? À qui écririons-nous ? Qu’emmènerions-nous ? Voilà des questions auxquelles nous ne voudrions jamais devoir répondre... "Il est temps de nous tourner vers des systèmes d’énergie modernes, basés sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, grâce auxquels nous pourrons nous affranchir de ces réacteurs et profiter des avantages supplémentaires d’une meilleure sécurité énergétique, de prix énergétiques stables et de millions d’emplois de qualité" assène l’ONG écologiste. (5)

La fabrique du consentement

Stéphane Lhomme, Directeur de l’Observatoire du nucléaire, accuse les médias main stream de fabriquer le consentement, il écrit : "Placé sous la haute surveillance d’Anne Lauvergeon, le quotidien Libération a rejoint la liste des médias qui relaient la propagande mensongère du lobby de l’atome. Lundi 11 mars 2013, deux ans jour pour jour après le début de la catastrophe de Fukushima. Logiquement, Libération fait sa Une sur le nucléaire, mais de façon fort curieuse. Le titre, déjà, donne le ton : "Deux ans après Fukushima, l’atome s’accroche", avec cette précision parfaitement mensongère : "Fortement remise en cause après la catastrophe japonaise, l’énergie nucléaire est toujours omniprésente" Omniprésente ? Regardons ce qu’en dit l’Agence internationale de l’énergie (AIE), fort peu suspecte d’activisme antinucléaire, dans sa publication Key world energy statistics : en 2010 (*), le nucléaire représentait seulement 5,7% de l’énergie primaire mondiale (et à peine 2% si l’on considère l’énergie finale (**)). En 2011, cette part était de 6,9% : elle était donc déjà très modeste mais l’est encore plus aujourd’hui. Même chose si l’on ne considère que l’électricité : le nucléaire, qui représentait 17% de la production mondiale en 2001, n’était plus qu’à 12,9% en 2010 juste avant Fukushima. Depuis, d’après cette fois l’Agence internationale pour l’énergie atomique (Aiea), encore moins soupçonnable de militantisme antinucléaire, la production nucléaire a baissé de 4,25% entre 2010 et 2011, passant de 2630 Twh à 2518 Twh, c’est-à-dire une baisse correspondant à la production annuelle de 20 réacteurs." (6)

C’est vrai ! Cependant, l’AIE a remis en selle le nucléaire et encourage indirectement par ses études orientées, l’oubli de Fukushima. Il est vrai que 65 réacteurs sont en construction dont 27 en Chine. La France qui traine les pieds soutient mordicus que les réacteurs qui ont plus de trente ans sont encore bons pour le service après une étude commandée et recommandée où des mesurettes sont recommandées. La France tient à son EPR : un gouffre financier.

Faut-il choisir entre la peste "fossile" et le choléra "nucléaire" ?

Nadia De Almeida a recueilli les propos de deux experts. Pour Hervé Kempf, pour sauver la planète, sortez du capitalisme. "C’est avant tout une question de lutte sociale. Il faut réduire notre impact sur la biosphère, en diminuant notre consommation matérielle et énergétique, principalement dans les pays riches...tout en faisant preuve de justice sociale. Comme l’éducation, la santé, la culture par exemple... qui sont des domaines essentiels que le capitalisme cherche précisément à privatiser et à réduire en ce moment. Dans d’autres secteurs économiques, il s’agit d’opter pour une autre agriculture, d’autres politiques énergétiques, urbaine, des transports...où résident des potentiels d’emplois tout à fait importants suivant une autre logique que celle mise en oeuvre à l’heure actuelle. (...) Nous sommes à un moment important et grave de l’histoire humaine...où la majorité des gens se rendent compte que ce système est bringuebalant, fissuré et qu’il ne fonctionne pas. (...) Nous avons tout intérêt à mettre le paquet sur les économies d’énergies tant du point de vue climatique, que de l’emploi, et de l’équilibre économique extérieur." (7)

Allant plus loin, il invite à changer de paradigme : "Il faut sortir de cette logique du "plus de consommation, plus de gaspillage". En termes d’énergies, il faut tenir compte des ressources naturelles de la planète et adopter une attitude de sobriété...L’énergie nucléaire pose d’énormes problèmes. En termes d’émissions radioactives, ce qui se passe à Fukushima est impressionnant. (...) Les déchets radioactifs sont très dangereux et vont le rester pendant des millions d’années. Et pour l’instant, aucune solution n’a été trouvée. Ce qui pose un autre problème moral : celui du poison que nous léguons aux générations suivantes."(7)

Marie-Claire Cailletaud n’exclut pas un nucléaire maitrisé. Pour elle : "Il est urgent de réduire les inégalités, notamment en instaurant un droit à l’énergie pour tous. Or à l’heure actuelle, le droit à l’énergie est loin d’être acquis au niveau mondial : 1, 6 milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité ; 80% de ressources fossiles de la planète sont "bouffées" par 20% de la population (...) Les pays industrialisés ont assis leur développement sur les ressources fossiles (charbon, gaz, pétrole) qui fournissent de l’énergie mais en quantité finie... alors qu’à notre avis, elles devraient être gérées collectivement comme des biens publics de l’humanité. D’autre part, un réchauffement climatique non maîtrisé, accompagné d’une montée des eaux et d’un assèchement d’une partie du sol terrestre, entraînerait des migrations massives de populations et générerait des tensions géopolitiques très graves."(7)

Tirant les conséquences, elle propose : "Cela implique tout d’abord à faire des économies d’énergie, dans les habitats, les transports collectifs, l’urbanisme... Cette transition nécessite également de relocaliser la production et de développer des filières d’énergies renouvelables, de réduire le recours aux énergies carbonées, comme le charbon ou le gaz ou alors de les utiliser en veillant à capter et à stocker le CO2 produit. (...) Nous ne pouvons pas nous passer non plus de l’énergie nucléaire car ce mode de production n’émet pas de gaz carbonique.(7).

Que peut-on dire en conclusion ?

Pour Michel Eyraud, ingénieur spécialiste il faut tirer les conséquences : "La catastrophe de Fukushima nous met au pied du mur et nous invite à revenir vite à une éthique dans les décisions de politique énergétique. (...) il est désormais prouvé que nos pays développés sont toujours dépassés en termes de moyens humains et matériels disponibles pour faire face à des accidents nucléaires de grande ampleur. (....) La production nucléaire d’électricité est un procédé qui ne peut fonctionner que dans un "monde parfait" (qui n’existera jamais) autorités intègres et rigoureuses, absence de pression sur des délais, personnel exploitant parfaitement formé et ne commettant jamais d’erreur, installations toujours neuves et sans erreur d’entretien, lieu d’implantation dénué de tout risque naturel... Le nucléaire parfait des "nucléocrates" est en pratique une menace permanente pour l’humanité.

Faisant appel au bon sens, il conclut qu’il faut tourner le dos au nucléaire : "Une société qui se revendique de l’humanisme, se devrait de faire ses choix énergétiques en priorité en tenant compte de l’acceptabilité du risque (gravité des conséquences et probabilité d’occurrence). Le nucléaire est, de fait, le seul procédé énergétique en service avec un tel risque ultime catastrophique que l’on a qualifié (du côté des "nucléocrates") pendant des années comme"impossible" puis "improbable",puis enfin comme "peu probable". Une solution énergétique, un procédé de production d’énergie comportant un risque même faible de catastrophe est éthiquement inacceptable ! Le coût de la solution énergétique ne peut pas, ne peut plus servir d’argument pour un tel choix. Les sources d’énergie renouvelables offrent une possibilité rationnelle de sortie du nucléaire à condition d’avoir la volonté politique."(8)

Pr Chems Eddine CHITOUR, L’Expression

1.David Naulin, Cyrille http://cdurable.info/Fukushima-deux... lundi 4 mars 2013
2. Des-anomalies-de-la-thyroide-chez-des-enfants futura-sciences.com/fr mars 2013
3. Nucléaire : les puissances nucléaires piégées par leur arsenal Le Point 10/03/2013
4. Chems Eddine Chitour http://www.mondialisation.ca/la-s-c..., 30 mars 2012

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