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ABADLA  LE GRAND GUIR
9 novembre 2010

DIAGNOSTIC DE L’ETAT DE DRAINAGE DU PERIMETRE

Auteur : Mme Ahmed-Zaid
Introduction
Ce présent document est une première restitution et constitue la synthèse des résultats d'analyses effectués ainsi que la réflexion sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour une prise en charge réelle des contraintes existantes sur le terrain, et ce dans le cadre de l’opération relative au diagnostic de l'état du drainage au niveau du périmètre irrigué d'Abadla.

I/ Présentation générale
1.1/ Identification du périmètre :
Le périmètre irrigué d'Abadla est aménagé sur 5400ha sur les deux rives de l'oued GUIR en aval du barrage de reprise et il est divisé en deux zones :
1/ Zone intensive : d'une superficie totale de 4146ha.
2/ Zone recueil : d'une superficie totale de 1257ha.
La superficie aménagée des deux zones est répartie en secteurs, quartiers et parcelles, comme indiqué dans le tableau n° 1.
1.2/ Vocation du périmètre :
Le système de production était orienté vers une association céréales-élevage-fourrages et cultures maraîchères. Or et depuis la
mise en exploitation du périmètre en question, il a été relevé que les cultures pratiquées essentiellement sont :
Pour la campagne d'hiver :
• Céréales (orge et blé dur ) ;
• Fourrages: avoine et orge en vert ;
• Maraîchage d'hiver sur de très faibles superficies.
Pour la campagne d'été :
• Pastèques et melons.

1.3/ Ressources en eaux :
A partir du barrage Djorf-Torba un volume d'eau est affecté chaque campagne au périmètre de Abadla. Ce volume est lâché en principe suivant un débit demandé par l'O.P.I (office du périmètre d’irrigation) en tenant compte des superficies à irriguer. Ce volume est acheminé vers le barrage de reprise.Le barrage Djorf-Torba se trouve à 60 km en amont du périmètre et dispose d'une capacité théorique de 360 Hm3.L'eau d'irrigation est acheminée vers le barrage de reprise d’Abadla par le lit naturel d’OUED GUIR. La capacité du barrage dite cote normale de réserve a été réduite presque de 1/3 de la réserve initiale. Cette réduction s'est répercutée négativement sur le périmètre. En effet le volume alloué à l'irrigation même en période pluvieuse n'a pas dépassé les 60Hm3 /an.1.4/ L'aménagement agricole :
Le périmètre aménagé sur 5400 ha est divisé en deux zones :
1/ Zone intensive : d'une superficie totale de 4146 ha, elle était prévue pour des cultures à des fins commerciales par la création de grandes fermes suivant le réseau d'irrigation en place.
2/ Zone recueil : d'une superficie totale de 1257 ha, elle était destinée à recueillir la population de Abadla en lotissement familial
ne dépassant pas 02 ha par famille.
Les superficies aménagées des deux zones sont organisées en secteurs, quartiers et parcelles.
Le périmètre se trouve situé administrativement sur le territoire de trois communes de la daïra d’Abadla à savoir la commune de Erg- Ferradj, la commune de Mechraa Houari Boumediene et celle d'Abadla).
1.5/ Le réseau d'irrigation :
Le périmètre en intensif est constitué par deux zones : l'une de 1676 ha est située en rive Est de l'oued Guir, l'autre de 4116 ha est située en rive Ouest. Chacune des deux zones est alimentée par un canal magistral.
Les canaux magistraux alimentent directement ou à travers 19 canaux secondaires, les canaux distributeurs qui desservent 133
quartiers.Le réseau à ciel ouvert a une forme trapézoïdale revêtu en béton.
1.5.1/ Canal Magistrale Ouest (C.M.O) : d'une longueur de 19 km avec 13 déversoirs d'élévation de niveau, 2 déversoirs de sécurité, 5 ponts pour la traversée de la route, et avec un plein débit prévu de 8200 l/s, le canal amène l'eau pour irriguer une superficie de 4146 ha.
1.5.2/ Canal Magistral Est (C.M.E) : ce canal a une longueur de 10.9 Km, avec 03 déversoirs de sécurité, un pont et un siphon inversé. Le plein débit est de 3000l/s. Ce canal est non opérationnel depuis plus de 7 ans par suite de son ensablement à 100% sur plus de 7 Km. Ce canal devait irriguer 840 ha dans la zone Nord Est dite Zeriguet.
1.5.3/ Canal Magistral Ouest de recueil ( C.M.O.R): d'une longueur totale de 9,45 Km, ce dernier prend sa source du canal magistral Sud qui est la continuité du C.M.O. Le C.M.O.R irrigue la zone recueil d'une superficie totale de 1257 ha.
1.5.4/ Canaux secondaires: d'une longueur totale de 29,3 Km, ils assurent un débit qui varie de 210 à 900 l/s, suivant l'importance du canal. Les canaux secondaires sont des ramifications des canaux magistraux afin d'irriguer les zones les plus éloignées de ces derniers.
1.6/ Le réseau de drainage :
Seuls les drains collecteurs principaux et secondaires à ciel ouvert ont été réalisés sur le périmètre avec :
• 41 km pour les drains principaux ;
• 45 km pour les drains secondaires.
Les drains de quartier :
- Ecartements: 120 à 170m pour les sols irrigués gravitairement
200 m pour les sols irrigués par aspersion
- Largeur du radier : 0.30 m
- Fruit des parois : 1/1
- Pente du radier : 0.30 m/km
II/ Etat des lieux du réseau de drainage:
Une visite de reconnaissance de l'état général du périmètre a été effectuée avec les représentants de la D.S.A de Béchar et l'O.P.I d'Abadla ; cette visite a été suivie par une prospection plus précise .
Le réseau de drainage du périmètre irrigué de Abadla a été conçu pour, d'une part, maintenir la nappe phréatique a un niveau adéquat, et d'autre part lessiver les sels se trouvant dans la zone racinaire des plantes.Au niveau du barrage de reprise, l'eau d'irrigation est de mauvaise qualité avec une conductivité électrique dépassant 3mmhos/cm la classant, d'après les directives générales de la FAO pour l'évaluation de la qualité des eaux d'irrigation, comme présentant une contrainte d'emploi légère à modérée.Il n'a pas été possible de réaliser le bilan ionique afin de déterminer les contraintes liées aux problèmes de certains éléments présents dans l'eau tels que Na+, Cl- et Bore.Le fort pouvoir évaporant du climat, ajouté à la salinité élevée de l'eau d'irrigation a considérablement dégradé la structure du sol,formant ainsi une couche imperméable à une trentaine de centimètres de profondeur aggravant la salinisation du sol et empêchant le lessivage adéquat des sels.
Les faibles lâchées d'eau à partir du barrage Djorf-Torba et le caractère sporadique et négligeable de la pluviométrie, a favorisé l'abandon par les agriculteurs d'une grande superficie des terres irrigables, entraînant ainsi l’envahissement, par la végétation sauvage (constituée de tamarix, de roseaux etc.…) des parcelles aménagées et mises en valeur, ayant nécessitées de lourds investissements.
Le diagnostic de l'état actuel du réseau de drainage fait apparaître une défectuosité avancée due essentiellement :
• Au manque et à l'absence d'entretien des drains, la végétation sauvage a colonisé le lit des drains à ciel ouvert et a colmaté les
pores des parois du talus, notamment au niveau de la zone Nord- Ouest et celle du « Recueil » (cf photos 01 et 02 et carte) ;
• A l’affaissement des talus des drains. (cf. photos 03 et 04) ;
• Aux actes de vandalisme ayant entraîné l'endommagement de pièces spéciales du réseau ;
• A l’Affaissement des talus des drains jusqu'à confusion avec la côte du terrain naturel, cas de la zone dite Zeriguet dans la zone Nord-Est ;
• Au déversement des eaux usées des villages de Hassi Menouni, Guir Lotfi et Erg Ferradj dans le drain principal Ouest, Zone
Nord-Ouest (cf. carte).
Aux problèmes de non fonctionnement du réseau existant et de la pathologie édaphique constatée (voir tableau n°2: interprétation des analyses du sol) s'ajoute la contrainte liée à l'inexistence de réseau de drainage à la parcelle pour lessiver les sels des parcelles vers les drains secondaires et principaux.
2-1/ Interprétation des résultats des analyses de la salinité dusol :(C.E.P.S du sol, C.E de l'eau d'irrigation et convenance aux cultures : d'après Maas 1984 et classification des sols : d'après Servant).

Sols très fortement salés. de Classe 5
*C.E.P.S : Conductivité électrique moyenne de l'extrait de pâte saturée du sol en ds/m. (prélèvements effectués jusqu'à 1.20m de profondeur) ;
*C.Ei: Conductivité électrique de l'eau d'irrigation (échantillons prélevés à partir du barrage de reprise en Octobre1999).
2-1-1/ Interprétation :
D'après les graphiques représentants la CEe (voir annexes n°1), il est constaté que le taux de salinité décroît généralement de l'horizon de surface vers le dernier horizon et que la forte concentration des sels se situe au niveau des trois premiers horizons de surface.Cette forte concentration au niveau de ces horizons s'explique par la présence d'une semelle de labour à 30-40 cm du niveau du sol,constituant ainsi un substratum imperméable, ce qui probablement favorise l'accumulation des sels, puis leur remontée de ces dernierspar capillarité.
D'après le diagramme des classes de tolérance de "Maas", pour la même qualité d'eau d'irrigation, il existe des sols ne convenant à aucune culture, à titre d’exemple : les sols de la parcelle n°10 du quartier 4B, sont classés, selon la classification de Servant, comme hyper salés (classe 7) ; ils doivent être en principe déclassés. Comme il existe des sols convenants aux cultures moyennement tolérantes tels que ceux de la parcelle n°7 du quartier 8E et n°19 du quartier 9G et à moindre degré ceux convenant même aux cultures sensibles tels que les sols de la parcelle n°7du quartier 6B et du quartier 19A (faiblement salés).
Dans le but de connaître l'influence du réseau de drainage sur la salinité des sols, des échantillons de sol ont été pris d'amont en aval et en parallèle au réseau de drainage. Il a pu être ainsi constaté que la salinité décroît d'amont en aval dans le sens de l'écoulement du canal magistral Ouest avec une forte concentration dans la zone Nord-Est puis Nord-Ouest ; ce qui confirme d’une autre manière la non fonctionnalité du réseau de drainage, car la tendance inverse serait plus logique.

Conclusion et recommandations :
Afin d'appréhender à sa juste mesure la gravité du degré de salinité du sol, il est indispensable de :
• Procéder à l'analyse du bilan ionique du sol et connaître surtout sa sodicité (pourcentage de sodium échangeable) ;
• Procéder à l'analyse du bilan ionique de l'eau d'irrigation et déterminer le S.A.R ;
• Connaître les caractéristiques physiques du sol : texture, type d'argile prédominante, la conductivité hydraulique en surface dans la couche sous-jacente et dans le substratum.
A cet effet, il faudrait nécessairement :
• Engager une étude agro-pédologique et arriver à un reclassement des terres du Périmètre ;
• Revoir à la baisse les surfaces à irriguer en fonction des classes de sol et de la disponibilité en eau pour l'irrigation et le lessivage des sels ;
• Assainir le foncier agricole et réaffecter les terrains abandonnés ;
• Réadapter le système de culture en place et le réorienter vers les cultures à forte tolérance aux sels. (Phoeniciculture, orge, etc.…) et ce sur la base des résultats d'étude agro-économique qu’il faut engager sans plus tarder.
Dans l'immédiat et en l'absence d'études spécifiques et globales (schéma d'aménagement par exemple) il est possible d'envisager la mise en œuvre des solutions pratiques suivantes :
• Opter pour les systèmes d'irrigation économisateurs d'eau en tenant compte de la faible perméabilité du terrain (faibles doses
et grande fréquence des irrigations) ;
• Palier au nombre réduit de lâchées d'eau par la construction de bâches d'irrigation et de réservoirs au niveau des parcelles, afin d'assurer plus d'autonomie aux agriculteurs dans l'apport des
doses d'arrosage ;
• Procéder à un défoncement pour casser la couche imperméable située à 30-40 cm formée depuis des années afin d'améliorer la perméabilité du sol et diminuer le taux de salinité ;
• Préconiser des réseaux de drainage souterrains au niveau des parcelles ;
• Réhabiliter et entretenir le réseau de drainage existant sur les
terres à réaménager ;
• Assainir l'assiette foncière des mauvaises herbes ;
• Replanter les brises vents en évitant le roseau
• Apporter un amendement chimique adéquat en quantité suffisante
pour diminuer le taux de salinité du sol

Références bibliographiques
Jean DUBIEF, 1963 : Le climat du Sahara Tome II. Fascicule I. (Institut de météorologie et de physique du globe de l’Algérie et Institut de recherches sahariennes, Université d’Alger).
Vincent VALLES, 1987 : Modélisation des transferts d’eau dans un sol argileux Application au calcul des Doses d’irrigation ; Mémoire n° 79 Année 1987, université L. Pasteur et CNRS.
C D A R S ,1990 : Commissariat au Développement de l’Agriculture des Régions Sahariennes. Rapport de situation du périmètre d’Abadla 1990.
O A I C, 1993 Office Algérien Interprofessionnel Des Céréales, Projet Aménagement Hydro- agricole d’un périmètre Céréalier de 4500ha à Abadla ,1993.
DSA Béchar, 1999: Direction des Services Agricoles de Béchar, Rapport
sur le périmètre d’Abadla ,1999 .

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Commentaires
M
Bonjour<br /> J'aime beaucoup votre blog que j'ai d'ailleurs recommandé à pas mal de personnes.<br /> Je suis chef de département à l'INSID (Institut National des Sols de l'Irrigation et du Drainage)et j'ai reconnu ces documents relatifs à la caractérisation de la salinité et l'état du drainage au niveau du périmètre de Abadla, et qui ont été produits par les cadres de mon département (mise en valeur) et ceux du département irrigation drainage suite à des prospections au niveau de cette zone. Je vous demande simplement de mentiuonner la source des études et travaux que vous présentez su ce blog. Bon courage et mes encouragements pour vos travaux.
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